
Ces chefs-d’œuvre sont exposés, depuis début décembre, dans deux salles du Louvre. Pour certains, ils ont été pillés durant la Second Guerre mondiale, d’autres ont simplement été trouvés en Allemagne. Des œuvres, malheureusement toujours en attente de leur propriétaire…
Entre 1939 et 1945, très minutieux dans leur quête, les nazis ont dérobé plus de 100 000 biens de toute nature, parmi lesquels de nombreuses œuvres d’art. Mais à la fin de la guerre, les musées européens et américains n’ont pas réussi à récupérer la totalité des œuvres. Ils en ont récupéré seulement 47 000. Les autres ont été détruites ou ont tout simplement disparu dans la nature.
Le musée du Louvre abrite ainsi 1 752 œuvres dans ses murs, dont 807 tableaux. 296 sont conservés sur place tandis que les autres ont été déposés dans différents musées de France. Pour Sébastien Allard, conservateur général et directeur des peintures au musée du Louvre, ces tableaux n’appartiennent pas au musée. Le Louvre en est seulement le gardien. L’objectif de cette opération est donc de les restituer à leur propriétaire. « Les musées sont souvent passés pour des vautours dans le passé mais nous n’essayons pas de conserver ces travaux, nous raconte-il. La grande majorité des œuvres d’art récupérées ont été prises à des familles juives. Leurs héritiers pourront peut-être les voir ici, déclarer qu’elles leur appartiennent et faire une demande officielle de restitution. »
Pour récupérer son bien, le supposé propriétaire doit être en mesure de prouver qu’il en est bien le possesseur. Une démarche qui peut prendre des mois voire des années… « Les gens doivent prouver par exemple que l’œuvre appartenait à leur grand-père. Ils doivent retrouver de vieilles photos de famille, des justificatifs de paiement ou recueillir des témoignages. Cela peut prendre beaucoup de temps. »
Un travail de longue haleine
Une commission a été créée dès 1944 afin de retrouver les objets spoliés et de les restituer à leur légitime propriétaire. Actuellement, un groupe de travail mis en place en 1990 par le ministère de la Culture et travaillant en lien avec la Commission d’indemnisation des victimes de spoliation (CIVS), est chargé de retracer la provenance de ces œuvres, afin de déterminer lesquelles ont été spoliées et lesquelles ne l’ont pas été.
Depuis 1951, plus d’une cinquantaine d’œuvres ont ainsi pu être rendues. La liste complète de ces œuvres sauvées est connue sous le nom de la liste Rose-Valland, d’après le nom de la célèbre conservatrice française qui a risqué sa vie en essayant de préserver ces trésors pillés par les nazis. Pour la consulter, c’est ici, sur le site www.culture.gouv.fr/documentation/mnr